Je peux être fatigué, mais je ne peux pas me détourner
Dernière mise à jour le 7 juillet 2025
Par Pamela Fuselli, présidente-directrice générale, Parachute
Votre enfant ne devrait pas se noyer parce que je sais comment prévenir les noyades.
Votre adolescent ne devrait pas mourir dans un accident de voiture en excès de vitesse, car je sais comment cet accident aurait pu être évité.
Votre parent ne devrait pas tomber, se fracturer la hanche, subir une commotion cérébrale et mourir ou déménager dans un établissement de soins de longue durée, car je sais comment ils peuvent vivre plus longtemps de manière autonome et profiter de la vie.
Mais malgré ce que je sais, les noyades, les décès par accident, les chutes débilitantes et d’autres décès par blessure continuent de se produire.
Je ne veux pas que ces blessures graves ou ces décès se produisent à cause de la dévastation, de la culpabilité, du chagrin, des interminables « et si » et « j’aimerais pouvoir remonter le temps » qui s’ensuivent, les impacts se propageant sur des années et des décennies de vies irréversiblement changées.
Pensez-vous que la blessure ne nuira pas à votre vie? Malheureusement, ce n’est pas vrai.
Je sais qu’en ce moment, si vous ou un de vos proches a entre 1 et 44 ans, vous ou ils sont plus susceptibles de mourir d’une blessure évitable que de tout autres causes : Pas de maladie cardiaque. Pas de cancer.
Mais de blessures évitables.
Aujourd’hui, c’est la Journée nationale de la Prévention des Blessures. Santé Canada le reconnaît comme une journée nationale de promotion de la santé. Des centaines d’organisations publieront des messages sur la sensibilisation aux blessures. Nous pourrons penser qu’étant donné ce soutien, les nombreux décès et blessures graves causés par des blessures, et le fait que nous savons comment empêcher les gens de mourir, les gens et les entreprises frapperaient à la porte de l’organisme de bienfaisance que je dirige, Parachute, qui est l’organisme de bienfaisance national du Canada dédié à la prévention des blessures. Je suis désolé de dire que ce n’est pas le cas.
Avoir peur que notre famille et nos amis soient blessés ou tués est une préoccupation majeure. Nous avons tous ressenti cette peur au fond de l’estomac lorsqu’un couvre-feu est manqué ou qu’il y a un appel inattendu de la police ou d’un hôpital. Et trop souvent, cette peur se réalise : vous découvrez que quelqu’un qui vous tient à cœur a été blessé ou, pire, tué.
Je suis fatigué. Peut-être que se sentir vaincu est une meilleure description. Moi, mon équipe et mes collègues à travers le pays travaillons sans relâche pour essayer de mettre en œuvre les solutions que nous savons sauveront des vies. Depuis plus de 20 ans, je travaille avec des partenaires de financement provenant de gouvernements, d’entreprises et de fondations pour aligner nos objectifs avec les leurs afin que nous puissions collaborer sur cette importante question sociale. Nous avons eu des partenaires de financement fantastiques, tels que Desjardins Assurance, qui ont investi dans la prévention de certaines catégories de blessures pendant de nombreuses années. Malheureusement, il y a trop peu de ce genre d’entreprises, de gouvernements et de fondations et il n’y a pas suffisamment de financement durable, à long terme, et de base. Parce que, comme pour d’autres problèmes sociaux, les changements qui réduisent les blessures prennent du temps. Et la prévention n’est pas sexy. Nous ne sommes pas en blouses blanches à la recherche d’un remède. Nous n’avons pas besoin de l’être. Nous savons ce qui fonctionne. On pourrait penser que ce serait un atout de vente.
J’ai dit que j’étais fatigué, et peut-être même vaincu. C’est parce que peu importe combien de fois ou de manières je partage notre potentiel d’impact social, combien d’histoires personnelles de vies détruites par une blessure, à quel point ces blessures sont évitables, ou même à quel point la prévention est économiquement judicieuse, il y a toujours une raison ou une autre priorité pour laquelle le financement n’est pas disponible.
Si personne ne se soucie de ce problème, devrais-je m’en soucier?
La réalité est que je ne peux pas me détourner. Je pense à ces familles dont le cœur est brisé, dont le chagrin est accablant, qui passent leur temps à penser « et si » et « si seulement » et je ne veux pas que quiconque d’autre ait à éprouver le même sentiment, surtout quand je sais qu’ils n’ont pas à le faire. Lorsque je lis les nouvelles sur les accidents de voiture réguliers, les cyclistes renversés, les enfants tombant des fenêtres ou se noyant, je me demande, qui sera le prochain? La vie de qui sera changée en un instant? Et que faudra-t-il pour que la prévention de ces tragédies devienne une priorité absolue dans notre pays?