Attitudes et perceptions des agents de police de l’Ontario à l’égard de l’application des règlements de la circulation
Dernière mise à jour le 10 octobre 2023
Nous avons parlé avec la Dre Christine Wickens, scientifique principale au Centre de toxicomanie et de santé mentale et professeure agrégée à l’Université de Toronto, qui travaille avec l’Association canadienne des professionnels de la sécurité routière, au sujet d’une étude récente en deux phases qu’ils ont lancée conjointement avec le Centre de toxicomanie et de santé mentale, avec le soutien de l’Association des chefs de police de l’Ontario.
Parlez-nous de votre étude. Qui y a participé, qui étaient vos bailleurs de fonds et quelle a été votre démarche?
L’application des règlements de la circulation est un moyen efficace de décourager la conduite à risque. La détermination des facteurs qui accroissent les activités d’application de la loi par les policiers est donc une stratégie précieuse pour améliorer la sécurité sur nos routes et nos autoroutes. Les résultats d’un récent sondage effectué auprès des policiers aux États-Unis (Otto et coll., 2019) laissent entendre que des améliorations à la formation des policiers, des changements dans la façon dont les dirigeants de la police s’occupent de l’application des règlements de la circulation et l’établissement des attentes à l’égard des activités d’application de la loi qui sont prises en compte dans l’examen officiel du rendement accroîtraient l’engagement des agents à l’égard des activités d’application des règlements de la circulation et, en fin de compte, amélioreraient la sécurité routière.
L’Association canadienne des professionnels de la sécurité routière (ACPSER) et le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) en collaboration avec l’Association des chefs de police de l’Ontario (OACP), ont lancé conjointement une étude à deux volets pour explorer les attitudes et les comportements des agents de police de l’Ontario en matière d’application des règlements de la circulation. Nous avons réalisé 20 entrevues semi-structurées individuelles avec des chefs de police travaillant pour les services de police provinciaux et municipaux de l’Ontario, le premier volet vise à élargir notre compréhension de la façon dont les chefs de police (c.-à-d. les chefs de police et/ou les sergents) en Ontario 1) considérer la valeur de l’application des règlements de la circulation pour la sécurité routière et 2) déterminer les obstacles à l’application des règlements de la circulation que ces dirigeants peuvent rencontrer. Ce premier volet de l’étude est réalisé en partie. Toutes les entrevues ont été réalisées et une analyse qualitative des entrevues est en cours.
Au cours du deuxième volet, nous effectuerons un sondage auprès des policiers de l’Ontario. Nous évaluerons les perceptions des agents à l’égard de la sécurité routière et les attitudes à l’égard de l’application des règlements de la circulation, et nous explorerons les liens possibles entre ces perceptions et attitudes et la participation autodéclarée des agents aux activités d’application des règlements de la circulation. Ce volet de l’étude est financé par le ministère des Transports de l’Ontario (MTO) dans le cadre du Road Safety Research Partnership Program (RSRPP). Les préparatifs du sondage sont en cours.
Une fois que l’étude aura été menée à bien en Ontario, l’ACPSER et le CAMH accueilleront favorablement l’occasion d’appliquer cette méthode de recherche à d’autres provinces et territoires du Canada.
Pourquoi avez-vous estimé que cette étude était importante et pertinente pour la sécurité routière et nos efforts collectifs dans le cadre de la Vision zéro?
L’application de la loi est depuis longtemps reconnue comme une composante essentielle d’une stratégie de sécurité routière réussie. L’application efficace des lois sur la circulation est l’un des trois piliers originaux de la sécurité routière, c’est-à-dire les trois E de la sécurité routière, les deux autres étant l’éducation et l’ingénierie. Les lois de la circulation et leur application sont également incluses dans l’approche des systèmes de sécurité, un cadre clé utilisé pour atteindre l’objectif de zéro décès et blessure. La recherche a démontré que l’application de la loi atténue considérablement les excès de vitesse et la conduite avec facultés affaiblies, qui contribuent de façon importante aux collisions de véhicules à moteur et aux blessures et décès qui y sont associés. Au Canada, l’application des règlements de la circulation (c.-à-d. l’application du code de la route) est principalement assurée par des policiers de première ligne. Nous savons que les attitudes et les croyances peuvent influencer le comportement et nous avons vu des preuves provenant d’autres administrations que les attitudes et les croyances des policiers au sujet de l’application des règlements de la circulation sont associées à leur participation aux activités d’application des règlements de la circulation. Pourtant, il y a peu de données disponibles dans le contexte canadien. Nous réalisons cette recherche dans le but de comprendre comment les attitudes et les croyances des agents de première ligne au sujet de l’application des règlements de la circulation peuvent influencer leur participation aux activités d’application des règlements de la circulation, et de déterminer des stratégies possibles pour encourager des efforts accrus d’application des règlements de la circulation en Ontario, qui appuiera la Vision zéro en fin de compte.
Qu’est-ce que vos recherches vous ont appris? (mentionnez toute constatation, préoccupation ou surprise importantes)
Bien que l’analyse des entrevues du volet 1 avec les chefs de police ne soit pas encore terminée, l’analyse préliminaire suggère qu’environ les deux tiers des 20 chefs de police interrogés considéraient l’application des règlements de la circulation comme une priorité absolue pour leur organisation. Sur une échelle de 5 points allant de 1 (pas du tout efficace) à 5 (très efficace), en moyenne, les chefs de police ont classé l’efficacité de l’application des règlements de la circulation dans l’amélioration de la sécurité routière comme étant de 4 sur 5, ce qui donne à penser qu’il y a une valeur reconnue, mais qu’il y a des progrès à faire dans les activités d’application des règlements de la circulation par les services de police. La plupart des chefs de police (environ 80 %) croyaient que les activités d’application de la loi en matière de circulation étaient appuyées par des agents de police et des intervenants externes (p. ex., le ministère des Transports de l’Ontario et le grand public). Plus de 80 % des chefs de police ont indiqué que le manque de personnel (c.-à-d. les agents de première ligne) et le manque de temps étaient les obstacles courants à la participation proactive des agents de première ligne à l’application des règlements de la circulation. Plus de 90 % des dirigeants ont trouvé que leurs systèmes internes actuels de signalement des collisions étaient utiles et satisfaisants pour les aider à se tenir au courant des collisions dans leur secteur de compétence.
Quelles sont les prochaines étapes de votre recherche?
Nous mettons actuellement la dernière main à l’analyse qualitative des entrevues des chefs de police dans le cadre du volet 1 et nous consulterons le MTO et d’autres intervenants au sujet du contenu de notre sondage en ligne auprès des agents de première ligne avant son lancement. Une fois disponibles, les résultats de l’analyse qualitative des entrevues des chefs de police et des analyses quantitatives du sondage en ligne auprès des agents de première ligne seront examinés avec les partenaires de recherche et les intervenants afin d’assurer l’utilité et l’applicabilité des recommandations découlant du travail. Dans le cadre des efforts d’application des connaissances de l’étude, les résultats seront présentés à nos partenaires policiers, y compris l’OACP, et à la prochaine conférence de l’ACPSER. Les résultats seront également communiqués lors de l’un des webinaires mensuels du CARSP et par d’autres moyens appropriés et méthodes de distribution. S’il est possible d’obtenir du financement, l’équipe de l’étude serait heureuse d’avoir l’occasion d’étendre cette initiative de recherche à d’autres régions du Canada.