
Réflexions sur la 4e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière
Dernière mise à jour le 15 avril 2025
Par Valerie Smith
Directrice, programmes de sécurité routière, Parachute, et présidente de l’Association canadienne des professionnels de la sécurité routière (ACPSER)
Je travaille chaque jour orienté par les principes de sécurité routière de Vision Zéro : mettre fin aux blessures graves et aux décès sur nos routes. Parfois, on a l’impression que c’est un objectif au-delà de notre portée. Puis il y a des jours – comme ceux que j’ai passés à la 4e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière, à Marrakech, au Maroc – où je suis inspiré par d’autres du monde entier qui apportent du zèle et un sentiment d’urgence à notre mission.
La conférence, qui a eu lieu du 18 au 20 février 2025, a été organisée par le gouvernement marocain et l’Organisation mondiale de la santé. Malheureusement, les récents développements politiques aux États-Unis ont signifié qu’aucun fonctionnaire du gouvernement de ce pays n’a assisté. Toutefois, un fort contingent de Canadiens, parmi lequel Brigitte Diogo, la sous-ministre adjointe des Transports Canada, faisait partie des 5 000 délégués provenant de 193 pays. Diogo a été invitée à être conférencière pendant la séance plénière d’ouverture, où elle a décrit les initiatives de sécurité routière de Transports Canada et a également souligné le rôle important de la société civile dans ce travail.
Avant le début officiel de la conférence, certains d’entre nous ont eu l’occasion d’assister à deux événements différents. L’un était le symposium de l’Alliance mondiale des ONG pour la sécurité routière. L’Alliance réalise un travail fantastique pour rassembler des organisations non gouvernementales (ONG) et des associations de sécurité routière de pays du monde entier. Elle fournit l’épine dorsale qui nous unit afin que nous puissions nous mobiliser en tant que mouvement mondial dans le cadre de la décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030 et plaider pour un changement dans nos propres pays.
En même temps que le symposium de l’Alliance se tenait un Congrès mondial de la jeunesse, qui a mobilisé de jeunes dirigeants dans le cadre de l’élaboration de la Global Youth Statement for Road Safety (Déclaration mondiale des jeunes pour la sécurité routière), un audacieux appel à l’action exigeant une mobilité plus sécuritaire et plus durable partout dans le monde. Parachute et l’ACPSER ont soutenu deux jeunes délégués canadiens, qui sont de jeunes ambassadeurs de Parachute, Robert Colonna de l’Ontario et Jérôme Range du Québec, pour assister et participer.
La Conférence ministérielle actuelle a comporté un certain nombre d’excellentes séances plénières et réunions en petits groupes axées sur des sujets, tels que la responsabilité et l’engagement gouvernementaux, les intersections de la sécurité routière avec le changement climatique, le transport durable, les tendances émergentes en matière de mobilité, le financement durable de la sécurité routière, et bien d’autres encore. À mon avis, c’était une excellente occasion d’en apprendre davantage sur les efforts mondiaux : les succès et les défis d’autres pays du monde. Parfois, j’avais l’impression d’assister à un concert de rock plutôt qu’à un symposium sur la sécurité routière : tant les valeurs de production que l’enthousiasme de la foule avaient cette ampleur.
Dans la grandeur, il y avait des moments de calme où nous avons établi des liens importants pour soutenir notre travail de promotion de la sécurité routière. J’étais reconnaissant de faciliter une réunion et une discussion entre la sous-ministre adjointe Diogo et nos deux jeunes délégués dans un coin isolé du site de conférence.
La conférence a été conclue par la Déclaration de Marrakech comportant 27 articles et sept pages de texte. L’article no 2 (no 1 étant un remerciement au Roi du Maroc) appelle tous les gouvernements à mettre en œuvre toutes les recommandations énoncées dans le Plan mondial pour la décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030.
Bien que la réunion au Maroc ait été une excellente et inspirante conférence, il reste encore un travail considérable à réaliser partout dans le monde. Bien qu’il y ait eu une réduction mondiale de 5 % du nombre de décès entre 2010 et 2021 (la première décennie mondiale), l’objectif global d’une réduction de 50 % des décès et des blessures attribuables aux accidents de la route n’a pas été atteint d’ici 2020 et il reste encore beaucoup à faire pour y parvenir d’ici 2030.
Malgré le lent progrès, 35 États membres ont réalisé des réductions de 30 à 49 % du nombre de décès attribuables aux accidents de la route, et 10 États membres ont atteint l’objectif de réduction de 50 % des décès sur la route. Dans ma liste de choses à faire, il y a l’examen des stratégies et des tactiques de ces pays qui ont mené à ces résultats salvateurs.
Que dire de l’avenir? Un mois après la conférence, l’Alliance mondiale a publié un communiqué de presse analysant les déclarations concernant les engagements en faveur de l’amélioration de la sécurité routière et de la réduction des décès, formulés pendant la conférence, conformément aux engagements du Plan mondial pour la décennie d’action. Cette analyse a révélé que « [Traduction] seulement 25 des 194 États membres de l’OMS ont fait un engagement public pendant les séances plénières… Le faible taux de chefs de délégation à prendre des engagements publics est insuffisant par rapport à l’engagement universel nécessaire à la réduction de moitié des décès et des blessures sur les routes d’ici 2030 ». L’analyse a également révélé un langage prudent et passif sous forme d’encouragements et de reconnaissances sans garanties de prestation – « exprimer une préoccupation approfondie », « reconnaître », « envisager », « encourager ». Il y avait également un manque d’accent sur les interventions fondées sur des données probantes dans les engagements publics, avec seulement « [Traduction] cinq des 25 pays (20 %) indiquant l’utilisation d’une approche de système sécuritaire, tandis que trois pays (12 %) indiquaient Vision Zéro ».
Alors, oui, nous avançons trop lentement. Nous sommes à mi-chemin de la décennie d’action pour la sécurité routière 2021-2030, et nous avons encore beaucoup de travail à faire pour atteindre les objectifs internationaux auxquels nous nous sommes engagés. Toutefois, nous avançons dans la bonne direction. Nous avons des alliés partout dans le monde. De plus, si la passion que j’ai témoignée parmi les jeunes délégués est un quelconque indice, ma génération de promoteurs de la sécurité routière a une incroyable nouvelle vague sur nos talons qui exercera des efforts acharnés pour réduire les décès attribuables aux blessures routières dans le monde.